Se souvenir !

2025-02-27

Il y a quelques semaines, après la deuxième élection de Trump en tant que POTUS, son nouveau meilleur ami, Elon s’est montré sous son meilleur jour en faisant un salut nazi.

Peu importe les raisons qui l’ont conduit à faire ce salut, recherche du buzz ou appartenance réelle à la mouvance néo-fasciste, tout a à la fois… comme beaucoup d’autres, j’ai été choqué.

C’était il y a plusieurs semaines. Ce geste a décomplexé la facho-sphère, mais le buzz est passé. Au point où on ne parle pas d’actions violentes ou de ces gestes pourtant quotidiens depuis fin janvier.

Vous comprenez, en France, le problème c’est l’immigration. En Europe, c’est l’immigration. Pas le fascisme qui ne rampe plus dans l’ombre. L’extrême droite a fini par accéder aux gouvernements et/ou à devenir des forces politiques notables aux parlements de nombreux pays.

Je suis blanc, hétéro, je n’ai pas de handicap. Je suis dans la norme de leur point de vue. C’est le cas de la plupart des personnes de mon entourage.

Je ne serai donc pas la première cible d’un pouvoir d’extrême droite. Mais j’ai l’impression qu’avec la disparition de la grande majorité de nos aînés qui ont vécu les grandes heures du fascisme en direct, il est important de ne pas oublier ce qu’il s’est passé entre 1930 et 1950.

Fin janvier donc, j’ai publié sur mastodon un thread sur ce que m’a décrit mon grand-père sur ce qu’il a vécu sous le III ieme reich.

Je vous le copie là, histoire qu’il ne soit pas perdu. J’en ai retouché un tout petit peu la forme, mais le fond n’a pas bougé:

"Mon grand-père est décédé assez jeune, mais je l'ai connu assez longtemps pour comprendre l'essentiel quand il me parlait de la pire période de sa vie.

Le 4 juin 1940 il a été fait prisonnier par les nazis avec 35000 autres soldats français à Dunkerque.

Il a été emmené en Allemagne dans un camp de travail. Il a eu la “chance” d’être agriculteur et catholique.
Donc affecté à des tâches agricoles.

Il logeait dans le camp le soir et travaillait la journée dans une grande ferme dont les propriétaires voyaient cette main d’oeuvre gratuite comme des animaux qu’il fallait soigner un minimum si ils voulaient conserver les plus utiles sur la durée.

Donc les repas du midi étaient juste suffisant, ceux du soir irréguliers, et le travail était très dur.

Mon grand-père a vite décidé de faire profil-bas. La meilleure solution pour éviter qu’on lui demande un jour de monter dans un camion et que ses camarades ne le revoient jamais.

Parce que ça se passait comme ça souvent. Faire le moindre écart de conduite, remettre en cause les ordres ou ne pas travailler comme on l’attendait de vous, et vous finissiez par quitter le camp de travail définitivement.

La raison quand elle était exprimée était toujours la même.
Le prisonnier était déclaré différent des autres.
Sous-entendu on pouvait le classer dans une catégorie de population que les nazis avaient décidé d’éradiquer. Mon grand-père l’a vu a des dizaines de fois.

Il a eu la chance de survivre. Il est resté 5 ans dans ce camp à abîmer sa santé, sans nouvelles de ses proches ni savoir comment ça finirait.

Il a finalement été délivré par les américains et a retrouvé ma grand-mère en Normandie. Ils ont fondé une famille et on eu une vie simple mais plutôt heureuse.

Mon grand-père a été extrêmement marqué par cette période. Il ne pouvait plus voir une arme. Moi et mes cousins ne pouvions pas jouer “à la guerre” ou “à la police” en sa présence.
Il interdisait à ses beaux-frères chasseurs de passer chez lui avec leurs fusils.

Voilà pour la partie qui m’était visible. Mais même avant de pouvoir le comprendre, j’ai toujours senti que mon grand-père portait un poids psychologique. Comme je l’ai dit, j’ai échangé quelques fois sur tout ça avec lui quand j’étais jeune adulte.

Et si il ne me l’a pas dit comme ça, il n’a jamais compris que les différences entre les individus soient une excuse pour leur ôter la vie. Ni que ces différences soient le carburant de la haine que ces gens là exprimaient.

Alors attention, mon grand père n’était pas un grand humaniste et étant de droite il avait des principes qui nous feraient certainement avoir des échanges tendus si il était toujours vivant.

Mais la vie et le respect de l’autre passaient avant tout pour lui.

Et si il a été traumatisé par tout ça, il avait une pensée à laquelle il s’accrochait pour aller de l’avant:

Ce que les nazis ont fait pendant la seconde guerre a été tellement horrible que l’humanité entière s’en souviendrait à jamais et ça ne pourrait se répéter.

Il en était profondément persuadé. Je crois qu’il m’en avait persuadé également.

Mais le 20 janvier 2025, un ministre d’une des plus grande puissance de cette planète a fait des saluts nazis à peine arrivé au pouvoir. Le même jour où dans ce pays, le dirigeant a décidé que des personnes “différentes” seraient effacées administrativement parlant… pour le moment.

On voyait la tournure que prenaient les événements. Je savais que ce serait violent.

Mais je ne pensais pas à ce point.

Vraiment pas.

Ça recommence."

On est début mars. Chaque jour je vois le fascisme monter une marche. Si ce n'est pas dans un pays, c'est dans un autre, ou dans le notre. Je ne vois pas des actes isolés, mais un système qui se met en place.

L’humanité entière s’en souviendrait à jamais…

Il aura fallut moins d’un siècle pour tout oublier.


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