Parce que des fois, une rando ne se passe pas comme prévu

2025-05-19

Pour ma première rando 2025 je voulais comme chaque année un itinéraire pas trop loin de chez moi. Je n’avais que 3 jours, et je ne voulais gâcher trop de temps dans les transports.

J’ai pas mal hésité entre le GR210 à rebours de Rouen à Bacqueville en Caux, et l’itinéraire du Coeur du Talou trouvé sur waymarkedtrail. Les 2 faisaient environ 75 km et c’était pour moi l’occasion de faire quelques tests. Sauf que non la rando s’est vite arrêtée.

Comme je l’ai dit dans mon dernier article, ma liste de matériel connaît quelques changements cette année. Et avant de me lancer loin de chez moi sur des randos de 8-10 jours, je voulais tester ces nouveautés. Ma tente déjà. Voir à quel point son empreinte au sol influence le choix du spot du bivouac. Mon réchaud à alcool. Le gain de poids est important, mais qu’en est-il de son utilisation, l’intendance qui va avec, l’impact du vent… Je voulais aussi me tester physiquement. J’ai pris du poids cette année et je voulais savoir si mon objectif de 25 km par jour de moyenne était réalisable. Dernier point à tester : l’implémentation de POI dans mes fichiers GPX. Le but étant de ne pas avoir à trop chercher les commerces, points d’eau ou de bivouacs envisagés sur le terrain. Les placer en amont me permettant d’avoir sous la main ceux qui me semblent utiles juste en regardant mon GPS.

Trois semaines environ avant le départ, j’ai contacté par mail l’office du tourisme de Neufchâtel-en-Bray pour avoir des informations sur l’itinéraire du coeur du Talou.

Je voulais savoir s’il existait une plaquette et s’il n’était pas trop tôt dans la saison pour que l’entretien des chemins soit commencé.

Mon bout de GR210 de l’année dernière ne m’avait pas laissé un grand souvenir, et mon envie allait plutôt vers le pays de Bray.

En attendant une réponse, j’ai trouvé sur internet le fichier GPX de cette boucle et une plaquette assez bien faite et avec des informations complètes. J’en ai tiré qu’il n’y avait pas de camping sur la route, ni beaucoup de point de ravitaillement. Rien de bien méchant. Je prévois donc 2 nuits de bivouac et la nourriture pour tous les repas sauf pour le midi du dernier jour, car je traverserai le bourg d’une petite ville dans la matinée.

Départ prévu le mardi 13 mai pour un retour le jeudi 15. Le 12 mai, l’office du tourisme me répond. Ils m’expliquent ne plus avoir l’autorisation de communiquer sur cet itinéraire car “certains tronçons présentant des risques potentiels pour les usagers”.

Malgré tout, ils m’indiquent que les tronçons intercommunaux continuent d’être entretenus mais que pour le reste, le mieux est de voir avec les communautés de communes.

Rien de réjouissant, mais mon sac est prêt et je me considère comme un randonneur averti. Je tente le coup et je commence à marcher le lendemain vers 9h30.

Ça faisait quelques semaines que j’attendais ce moment ! Il fait beau et le début de la rando est agréable. J’emprunte pas mal de chemins agricoles semi-goudronnés. C’était prévu. Il a plût la veille, et les autres chemins plus herbeux me mouillent assez vite les pieds. Est-ce qu’il ne serait pas judicieux de passer au goretex pour ma prochaine paire de chaussures ?

Mon nouveau hoodie me tient vraiment chaud. Je le mets dans la grande poche extérieure du sac à dos.

Effectivement, certaines portions du chemin ne sont pas entretenues, mais rien d’insurmontable. J’avance bien, et je suis heureux d’être là. D’avoir cette coupure avec le quotidien.

Et j’arrive à Clais. Je m’engage dans une impasse qui débouche sur une pisciculture. Le chemin la longe et enjambe l’Eaulne pour remonter vers le bourg. Sauf qu’après le pont, le chemin disparaît sous les herbes. A priori rien de méchant donc je m’engage.

Mais assez vite le sol passe d’humide à ruisselant et la végétation devient plus dense. Avec des ronces de chaque côté, des branches basses… Je regarde mon GPS et ce bout de chemin ne fait que 200m. Je décide de continuer et je termine les pieds trempés dans un véritable ruisseau entrain de me battre avec la végétation qui accroche mes vêtements. Faire demi-tour ne m’apporterait rien, et je termine difficilement dans le jardin d’un particulier 5mn plus tard. Le chemin original ayant totalement été envahi par les plantes, je ne l’ai même pas vu.

J’ai passé un sale moment et j’en ressors griffé et mouillé. Je décide de sortir du bourg pour trouver un coin correct pour manger et faire sécher mes pieds/chaussettes/chaussures.

J’ai du mal à trouver. Je longe une route sans accotement, puis je passe à un chemin creux totalement ombragé qui finit encore une fois par être bloqué par la végétation.

Je saute la clôture d’un champ en me disant que je retrouverai bien un endroit pour repasser sur un tronçon plus praticable. Pas du tout. Le chemin s’écarte du champ.

Obligé de rebrousser chemin. Je finis par trouver un endroit où le chemin est praticable, mais je dois me glisser 2m plus bas à travers des branches pour le retrouver.

Techniquement je suis toujours sur la commune de Clais. J’ai fait 2 km en un peu plus d’une heure. Ces 2 difficultés m’ont pas mal attaqué le moral. Je suis seulement randonneur, pas aventurier, bushcrafteur ou je ne sais quoi d’autre.

Je repars en quête de mon coin pique-nique et je finis par m’arrêter sur un petit espace herbeux au bord d’une petite route. Pour me protéger du froid, je cherche le fameux hoodie dont je vous ai parlé plus haut. Il a disparu. Certainement accroché par une branche sans que je ne m’en aperçoive. Je me retrouve sans couche chaude. J’ai bien un second t-shirt dans le sac, mais vu les températures annoncées les prochaines nuits, je dois le garder sec.

Je décide de faire le point de la situation:

  • il y a des risques de rencontrer des chemins non entretenus pour ma deuxième journée. Je sais que ça ne sera pas le cas de la troisième, mais il faut le prendre en compte.

  • On est début mai et les températures ne s’annoncent pas folles, même en journée. Je ne suis pas sûr de pouvoir me passer de ma couche chaude en dehors de la mi-journée.

  • Des orages sont annoncés ce premier soir.

  • La seule solution d’échappement où je suis autonome me fait arriver à ma voiture que le lendemain soir et je dois la prendre en milieu de matinée au plus tard.

  • Je peux me poser à Londinière quelques heures et attendre que ma fille me récupère en fin d’après-midi pour me ramener à ma voiture. C’est le seul jour où son trajet de retour du boulot le permettra.

Après manger je reprends la route et je me laisse le temps du trajet jusqu’au prochain bourg pour me décider.

Je traverse un paysage digne d’un fond d’écran de windows XP sur 3km sur un joli chemin au milieu des champs avant qu’une grosse averse ne me rattrape. Je passe un bon moment sous un arbre avec ma cape de pluie et décide finalement d’arrêter là cette rando.

Avec le recul, une fois la déception passée, je me dis que j’ai eu raison. Je ne me serai pas spécialement mis en danger, mais sur une sortie de trois jours, je n’avais pas envie d’en avoir 2 avec ce genre de galères. On m’a toujours dit qu’il valait mieux savoir s’arrêter à temps plutôt que de prendre le risque qu’une rando se passe mal.

J’ai eu un excès de confiance. Je suis parti en manquant d’information sur un itinéraire un peu sorti de nulle part. Et je n’ai pas voulu prendre en compte l’avertissement de la personne de l’office du tourisme. En inspectant de plus près l’itinéraire, j’aurai anticipé que le fameux chemin transformé en ruisseau n’apparaît plus sur les cartes IGN.

Comme quoi, même quand on a un peu de pratique, il est important de ne pas négliger sa préparation.


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